• 31 juillet 2015
  • 3  min

Féminisme, girl power et réseaux sociaux

Affaire Lou Douillon, passage à tabac à Reims, campagne de lutte contre le harcèlement dans les transports : avec les réseaux sociaux, jamais le sujet « femme » n’a autant été abordé.

Ils donnent la parole et le pouvoir aux féministes et autres solidaires, engagés et enragés des incivilités et violences faites à l’encontre des femmes. Ce sujet est peut-être l’un des plus commentés sur les réseaux sociaux. D’une part car, avec eux, les femmes ont trouvé le moyen de dénoncer ce qu’elles subissent : harcèlement, agression, discrimination. D’autre part car les médias et les politiques contribuent ou lancent les débats sur les sujets liés à la cause des femmes. Ensuite, car c’est un sujet qui divise autant qu’il peut fédérer selon son traitement. Lou Douillon l’aura par ailleurs constaté. Le féminisme (dans son acception globale) est un sujet passionnel qui rime avec conversationnel.

Les célébrités et autres personnalités publiques partagent souvent leurs opinions sur leurs réseaux. Leur statut de star leur donne un statut d’influenceur du fait de la forte audience dont ils bénéficient. D’après la pyramide des relations influenceurs érigée par Augure, ils sont au sommet de l’influence. Tous leurs tweets et leurs posts sont donc potentiellement viraux.

Un post Instagram de la chanteuse Ariana Grande qui dénonce la misogynie ordinaire a par exemple suscité plus de 19 000 commentaires et plus de 600.700 likes.

Même quand ils ne s’expriment pas sur le sujet « femme » sur Facebook, Instagram ou Twitter, les réseaux sociaux s’emparent tout de même des propos de vedettes sur le sujet tant il se suffit à lui-même pour être viral. Que retenez-vous de la dernière cérémonie des oscars à part le discours de Patricia Arquette sur l’inégalité salariale à Hollywood, applaudie par une Meryl Streep survoltée ? C’était en tous cas dans tous les médias au lendemain de la cérémonie et à bout de tweets de nombreux internautes, bien avant le sujet acteurs et actrices oscarisés (bien que peut-être traité à égalité avec le triomphe du film Birdman).

Et gare aux stars qui ont le malheur d’oser une définition très personnelle du féminisme : les réseaux sociaux veillent, les tweets acharnés fusent, les archives ressortent du placard. En donnant une interview au journal El Pais, Lou Douillon ne devait probablement pas penser allumer un incendie. Le sujet se suffit à lui-même pour être viral on vous dit !

Il se suffit mais il est souvent intégré à la recette du bon contenu viral. Ce genre de contenu répond à un besoin : celui d’amuser, de sensibiliser, de choquer…. Concernant la lutte en faveur du droit des femmes, il s’agit le plus souvent d’images chocs mises en scène avec des personnages auxquels on peut s’identifier. Elles poussent à la réflexion et… au partage !

Ces contenus sont par ailleurs de plus en plus créés pour le web tant l’impact est bénéfique et colle beaucoup plus aux attentes des organismes et de l’état : susciter l’indignation, des réactions, de la conversation. On ne se souvient que trop bien de « Je suis à l’heure » un court-métrage sur le viol et la non-assistance à personne en danger. Taillé pour le web.

Et cette viralité peut être vertueuse. Le plan du gouvernement pour lutter contre le harcèlement sexiste dans les transports tend à encourager les messages viraux sur les réseaux sociaux. Pas encore officiellement lancé (octobre), le relai médiatique de ce plan a généré de nombreux posts / témoignages assortis du hashtag #harcèlement. Un engouement tel que, sur Facebook, celui d’une jeune femme  victime d’un exhibitionniste dans le métro est devenu viral au point que l’individu a été identifié et appréhendé : #GirlPower.

Ce sujet connaît néanmoins des limites et elles concernent l’opportunisme et la crise.

Nombreuses sont les marques qui souhaitent surfer sur le girl power, ce qu’elles peuvent faire maladroitement : il n’est pas rare qu’en voulant bien faire, on les accuse / soupçonne de sexisme. La campagne #Laveritésurlesfilles, même si très bien conçue, a par exemple divisé Twitter.

D’autres marques, conscientes du potentiel viral du sujet, courent volontairement au bad buzz en créant des opérations sexistes.

« Peu importe la manière dont on parle de moi du moment qu’on en parle ». Mieux vaut être préparé…

Les crises, ça s’anticipe. On ne maîtrise pas sa réputation : on la gère.

 

Et puisque le sujet est viral : longue vie à ce post 😉

 

CM

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