• 4 juin 2015
  • 4  min

L’émancipation du streaming musical

Définition, actualités & marketing

Le streaming musical est un mode de diffusion par internet permettant la lecture instantanée de flux audio ou vidéo, par opposition au téléchargement (même si techniquement, il y a stockage donc débat sur la définition).

Démocratisé par le Français Deezer et le Suédois Spotify entre les années 2006 et 2007, le streaming musical est, d’après une étude Hadopi (2013), la principale source de consommation audio et vidéo clip.  Cela représenterait 28 millions d’abonnés payants dans le monde selon UFC Que Choisir (Spotify en compte 15 millions sur ses 60 millions d’utilisateurs).

Un phénomène numérique et sociétal incontournable qui ne pouvait pas échapper aux chaînes de télévision, à l’instar de D17 qui, depuis le 26 mai, propose un hit-parade du streaming musical avec une émission baptisée « top streaming ».

 

Si le filon est bon : la concurrence est rude. De la même manière qu’après l’arrivée d’Uber, le marché des VTC est devenu ultra concurrentiel, le streaming musical a vu de nombreux acteurs émerger : Napster, Google Play music, Pandora, SoundCloud…rivalisent en diversifiant leurs offres et capitalisent sur les effets d’annonces, faisant du streaming un sujet récurrent d’actualité.

Actualité d’ailleurs chargée : sur les pas de Spotify, Deezer devrait intégrer prochainement les podcasts à son service ; Microsoft vient de lancer la version test de sa prochaine app « Music preview » pour Windows 10 ; Groovshark, l’un des pionniers du streaming musical, a disparu le 30 avril dernier, faute d’avoir souscrit aux autorisations de détenteurs de droits ;  L’offre de streaming musical de Youtube devrait être disponible d’ici septembre et Apple fait, comme à son habitude, du teasing autour de sa future solution.

D’après LeFigaro.fr, la marque à la pomme devrait lancer d’ici l’automne son propre service de streaming musical et chercherait en attendant, d’après The Verge, à faire disparaitre les offres gratuites en faisant pression sur les labels.

 

Même Jay-Z s’y est mis : il lançait (en réalité : il rachetait) en mars dernier avec le soutien de nombreuses stars, « Tidal » sa propre plateforme de streaming musical (sacré sujet, Jay-Z a fait jaser). Mais il semble que le marché soit plus branché que juteux puisque Tidal était en difficulté dès le mois d’avril. Le streaming musical ne serait d’ailleurs pas rentable même s’il génère des milliards de dollars de chiffre d’affaires. Leur modèle économique repose actuellement sur les investisseurs (et pas des petits ! Coca-cola et Goldman Sachs ont investi dans Spotify) et la publicité. Publicité que subissent les utilisateurs qui n’ont pas souscrit à l’offre payante : l’écoute est souvent interrompue par des annonces qu’on ne peut  éviter sauf si on souscrit à l’offre payante. Les investisseurs eux misent gros, persuadés qu’ils peuvent toucher le jackpot. C’est probable dans la mesure où les avancées technologiques et numériques facilitent l’accès et l’utilisation du streaming musical, l’amenant probablement sur le chemin de la rentabilité.

 

Le streaming est partout : dans nos offres de forfait, couplé à la Playstation et aux nouvelles générations de chaînes hifi, dans les VTC et même, désormais, chez Starbucks !

Quel est l’intérêt, pour les marques, de s’allier aux plateformes de streaming musical ?

Pour les opérateurs de téléphonie, il est d’assoir un positionnement « tendance, jeune, actuel ».

C’est aussi la volonté d’être pionnier sur les offres numériques. Orange, en s’alliant très vite à Deezer, l’a d’ailleurs été. Sauf que ça ne plait pas nécessairement aux clients des opérateurs.

Dans une interview à Challenges, le PDG d’Orange expliquait que les clients n’entrent pas dans la logique de « bundle » ou offre groupée. Ils préfèrent payer moins et choisir ou non de souscrire plus tard à une offre de streaming. Si Orange n’y croit plus, Bouygues et SFR se sont de leur côté mariés avec Spotify et Napster.

 

Quant à Uber, qu’on ne présente plus, en plus de la volonté d’entretenir son image jeune et tendance, son partenariat avec Spotify traduit aussi celle de se démarquer de ses concurrents et des taxis. Surtout des taxis d’ailleurs ! Dans la mesure où les VTC tendent à révolutionner le transport de personnes, ils veulent casser l’image clichée des chauffeurs en permanence branchés sur RTL et RMC. En VTC : le client est roi ! C’est lui qui choisit la musique qu’il veut écouter pendant son trajet. Le transport doit devenir une expérience.

Et boire son café aussi, d’ailleurs. Starbucks annonçait en mai son partenariat de long terme avec Spotify. Un partenariat qui est, pour le Président de l’enseigne de café « une volonté de participer à l’émancipation du streaming musical ». C’est surement ça. Car, en attendant, à part avoir fait beaucoup de bruit, personne ne sait vraiment quel sera le bénéfice pour les clients de l’enseigne (ou peut-être suis-je la seule à ne pas avoir bien compris).

Pas sûr, comme l’espère Starbucks, que cela ramène de nouveaux clients. Le prénom sur les gobelets, ça c’était une idée de génie. C’est plus dans un intérêt d’image que dans un intérêt commercial que les marques veulent être partenaires des Spotify, Deezer et autres Napster. Sous couvert de vouloir proposer une expérience à leurs clients, elles veulent surtout être dans le coup (marketing) !

 

Et sans nul doute que de nombreuses marques attendent l’offre d’Apple pour vouloir elles aussi « s’engager en faveur de l’émancipation du streaming musical »…

Les acteurs du secteur peuvent (peut-être) être tranquilles : si avec l’Apple Watch, la pomme a donné l’illusion d’avoir inventé la montre connectée, elle n’a en tout cas pas fait beaucoup d’ombre au marché.

Mais si le streaming musical n’a pas attendu Apple, c’est peut-être parce qu’il l’est déjà, émancipé ?

 

C.M.

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